10 mars 2022

Le cas du mois : que faire avec un enfant TOP ?

Selon son pédopsychiatre, le petit Tom, 6 ans, est atteint d’un Trouble Oppositionnel avec Provocation.  C’est donc un enfant TOP.

Heureusement pour lui, Tom n’en souffre pas tant que ça. Ses parents, en revanche, sont à bout. Il est vrai que Tom leur occasionne de sacrées frayeurs.

Quand il se contente de lancer des objets à travers la pièce en hurlant comme un possédé, c’est déjà pénible, mais n’a-t-il pas lâché la main de sa maman pour se mettre à courir en pleine rue, au risque de se faire écraser ?

Et puis, il y eut ce jour maudit où il a enjambé le garde-fou de l’escalier de l’immeuble pour se suspendre dans le vide : ses parents ont cru devenir fous d’angoisse. Son père l’a attrapé par le bras, lui en a collé une et l’a enfermé dans la cave.

La maman craint qu’ils ne deviennent tout deux des parents maltraitants. Elle ne supporte plus que Tom lui tire les cheveux et avoue, penaude, qu’il lui est arrivé de lui en faire autant, pour qu’il comprenne…. Vous allez me prendre pour une folle me dit-elle, mais maintenant je porte une casquette à la maison. Ils ont tout essayé, expliquent-ils : le dialogue, le priver d’écran, de dessert, le mettre au coin, rien n’a marché.

Ils ont tout essayé en effet, sauf une chose : encourager les crises ! 

Suivant la suggestion de leur thérapeute stratégique, les parents ont tenu à Tom un bien étrange discours : on est désolé de t’avoir puni pour tes crises, Tom. On avait oublié qu’il faut bien en faire un certain nombre quand on est petit, c’est normal, ça passe en grandissant. Regarde ta grande sœur, elle n’a plus besoin d’en faire maintenant. En fait ce qui serait bien, c’est que tu en fasses le plus souvent possible, comme ça, tu deviendras plus vite grand. 

Ces propos semblèrent plonger Tom dans une profonde perplexité. 

Ensuite, suivant la prescription paradoxale du thérapeute, les parents se mirent à encourager les crises dès les premiers signes : « oui, allez, très bien, vas-y, fais-nous une belle crise, on te regarde ». A chaque fois, Tom s’arrêtait instantanément, leur jetait un regard ébahi, puis reprenait contenance et passait à autre chose.

Bientôt, les crises cessèrent complètement. 

C’est ainsi que Tom récupéra sa tablette et eut de nouveau droit à une histoire au moment d’aller dormir, madame put ôter sa casquette de mauvaise mère. Quant au papa, il me dit dans un sourire : il est vraiment top, maintenant ! 

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